C'était il y a 100 ans, ... le mercredi 21 octobre 1914, d'Hannescamps à Saint-Amand
21 octobre 1914 – mercredi
D'Hannescamps à Saint-Amand (googleearth)
Le bataillon est garnison d’Hannescamps. Il en garnit les lisières. Bien qu’on soit sous un bombardement journalier, on incorpore les territoriaux et les états commencent à pleuvoir. Castille a découvert une sorte de grotte de contrebandier, sous terre, au fond d’une grange. Il s’y est installé. Je fais avec lui de la comptabilité toute la journée en surveillant les cuisiniers qui – dociles – sont revenus ici dans leurs caves qu’ils doivent partager avec ceux du 27ème et du 79ème. Le soir, le bataillon définitivement relevé reçoit l’ordre de cantonner à Saint-Amand[1].
Saint-Amand (panoramio.com/photo/107307783 Pierre-André Leclerc)
Il sera remplacé par un bataillon de chez nous, au repos depuis quelques jours à Berles[2]. Nous partons aussitôt faire le campement et, par Bienvillers et Souastre, gagnons de nuit Saint-Amand où nous devons prendre les ordres chez le colonel qui y cantonne. En route, nous croisons de gros « Rindbos »[3]. Le chemin est interminable, car nous faisons de grands détours par la route pour ne pas nous perdre dans les champs. En arrivant, le colonel de Marcilly, que je vis là pour la dernière fois, nous dit qu’un contrordre a été envoyé et qui a déjà dû toucher le bataillon : pas de relève possible, puisqu’il n’y a aucune réserve. Quant au bataillon qui doit nous relever, il va probablement bientôt prendre part à une grande attaque qu’on monte contre Monchy et, en homme qui connaît la folie de l’entreprise, il ajoute que nous ne devons pas nous plaindre. Les événements tragiques des jours suivants réalisaient trop complètement les sombres prévisions de notre colonel. Cependant, en bon père de famille qu’il était, il nous fait cantonner avec lui à Saint-Armand pour nous reposer et ne partir qu’au petit jour. On trouve à boire du lait – quel régal ! – et l’on se couche après avoir mangé un peu de pain, dans une étable bien chaude, à côté des vaches.
Peut-être les Rindbos en question (http://www.1914-1918.fr/)
Extrait du livre « Les carnets du sergent fourrier » :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=41720