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De brique et de broque

20 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°23)

ECRITS D’EXIL (Extrait n°23)

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Ce petit extrait concerne ce moment très particulier où Pierre Laval, son épouse et Maurice Gabolde s’envolèrent d’Italie vers l’Espagne:

… Sur le terrain d’aviation, on nous présenta les pilotes, deux têtes blondes imberbes d’adolescents, aux yeux bleus, émergeant du gros tas d’étoffe jaune qui les faisait ressembler à des sacs ambulants. Ils se figèrent dans l’immobilité du garde-à-vous, pendant que le Capitaine Hanger prononçait quelques paroles que j’entendis mal dans le bruit des moteurs ; les deux aviateurs levèrent la main droite et répondirent : « Ich schwore »  [je le jure]. Plus tard, à Montjuich, ils m’expliquèrent qu’ils avaient juré sur leur honneur, en présence du Führer, représenté par leur chef, d’aller jusqu’au sacrifice de leur vie dans la mission qui leur était confiée.

C’est un Junker de ce type qui emporta les passagers

Ils devaient, jusqu’au 30 Mai 1945, partager notre internement en Espagne ; Gerhardt Bohm et Hellmuth Funk étaient deux spécimens de l’héroïque jeunesse qui, en Europe comme en Amérique du Nord, a servi avec courage, désintéressement et esprit de sacrifice sa patrie ; l’un d’eux avait été abattu deux fois en combat aérien, dont une au-dessus de la Méditerranée et avait flotté pendant plusieurs heures sur l’épave de son appareil ; ils ne savaient plus rien de leurs familles originaires de Stettin et de la Thuringe ; la fiancée de Funk travaillait comme ouvrière d’usine à Salzbourg. Je les vis suivre, les yeux noyés de larmes, la mâchoire serrée, le corps penché vers la radio, le développement de l’effondrement militaire de l’Allemagne, la capitulation des généraux, la reddition sans condition ; ils ne parvenaient pas à réaliser un tel cataclysme si contraire à l’idée qu’ils s’étaient faite de la puissance du IIIème Reich. Quand ils nous quittèrent, ils exprimèrent leurs sentiments dans ces quelques lignes écrites par l’un d’eux sur l’album d’un Espagnol qui s’intéressait à leur sort : « Wie wir ohne Kette geboren sind, so wunschen wir ohne Zwang zu leben. Moge Spanien und sein Volk ewig leben, das wunschen die deutsch Flieger » [Les pilotes allemands souhaitent à l’Espagne et aux Espagnols de pouvoir vivre éternellement sans contrainte, tout comme l’homme naît sans chaînes]. Nous prîmes congé de nos chauffeurs et des policiers qui nous avaient accompagnés jusqu’à l’aérodrome ; je leur avais donné mes modestes bagages et n’avais, pour tout avoir, qu’une petite valise à main et les vêtements qui étaient sur mon dos ; nous nous insérâmes dans l’avion par une trappe, entassés les uns au-dessus des autres ; je grimpai le dernier, devant m’étendre sur la plaque de fer qui obstruait la trappe et que l’on vissa soigneusement.

La petite valise de Maurice Gabolde

Les pieds de Madame Laval étaient à la hauteur de mon visage. L’avion fit quelques tours de piste pour prendre son envol presque verticalement, afin d’atteindre immédiatement une grande hauteur. Je discernai, par un orifice de la plaque sur laquelle j’étais couché, les pentes des Alpes le long desquelles nous grimpions par bonds successifs. Puis, on entra dans les nuages ; le froid était intense et l’on évoluait dans une couche ouatée, le tympan assourdi par le vacarme des moteurs. Je revécus mon existence depuis le mois de Mai 1940 ; tout cela me semblait un mauvais cauchemar qui allait s’achever sur la pointe de quelque arête rocheuse. La respiration devenait difficile et les oreilles bourdonnaient désagréablement. Nous étions à plus de 6 000 mètres.

Un Junker 88, d’un type voisin de celui qui emporta Pierre Laval en Espagne

Par moment une éclaircie survenait ; je devinais des sommets dénudés, la tâche bleue d’un lac, celui de Côme peut-être ; l’avion plongeait brusquement dans un trou d’air et se relevait brusquement comme un ascenseur qui démarre. L’avion descendit progressivement après avoir franchi les Alpes franco-italiennes au nord de Nice ; on commença à distinguer des villages, des arbres et de tout petits points noirs qui se déplaçaient sur des routes sinueuses, longs rubans blancs au milieu du vert des prairies et de l’ocre des champs et des terrains incultes ; puis, ce fut la mer que nous abordâmes dans la région de Menton. L’avion reprit de la hauteur pour franchir la côte et piqua droit sur la Corse ; la température était redevenue supportable ; il faisait presque chaud ; quand la terre eut disparu, l’avion descendit jusqu’à raser les flots ; nous devions, me dirent les pilotes, donner l’impression de loin d’un petit navire. Ils changèrent de direction en haute mer et cinglèrent vers l’Ouest. À 11 heures 50, j’aperçus de mon observatoire une côte, des montagnes pelées, puis des maisons et des plages : c’était l’Espagne.  

(à suivre… lorsque les « Ecrits d’exil » seront réédités)

 

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19 janvier 2016

Ecrits d'exil (extrait n°22)

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Ce petit extrait concerne un des derniers instants dramatiques du séjour forcé en Allemagne du Président Laval:

… La perspective du réduit se précisait. Je savais par Soualle (neveu de Guérard) que l’on avait déjà transporté à Kitzbühl la mission Scapini et que l’ancien Gouvernement du Régent Horthy y avait été replié. On nous conduisait sans doute rejoindre toutes ces épaves.

C’est alors que Madame Laval, caractère fier et indépendant, dont les sentiments anti-Allemands étaient notoires mais que sa profonde affection pour son mari avait jusque-là condamnée au mutisme, explosa. J’assistai à une scène vraiment dramatique ; elle donnait libre cours à sa rancœur et à son indignation ; le diplomate allemand écoutait, la mine ahurie, cette philippique véhémente. Le Président, excédé par les procédés dont il avait été l’objet à Sigmaringen, ne tarda pas à faire chorus ; toutes les amertumes de l’exil, l’incompréhension des dirigeants de la politique allemande à Paris, à Vichy et à Belfort, les désillusions et les amertumes de trois ans de gouvernement sous une occupation étrangère, tout cela montait de son cœur à ses lèvres, dans ce cadre de désolation et de misère, sous la pluie qui ruisselait sur les vitres, dans la pénombre de la nuit tombante. Terrifié, l’envoyé du Ministre Reinebeck se retira confus et désorienté. Je sus depuis que Salza avait refusé de se charger de cette mission qui venait de se terminer par un tel éclat.

Le Président et sa femme décidèrent qu’ils resteraient dans leur auto, défendirent à Boudot de la mettre en marche et envisagèrent de crever les pneus.

Wangen

Nous dûmes à cette énergie de la dernière heure de ne pas aller dans le réduit tyrolien. Vaincu par cette résistance, désireux d’éviter un scandale, sans ordres du Ministère des Affaires Étrangères avec lequel aucun contact n’était plus possible, l’ambassadeur Reinebeck céda et cessa de s’intéresser à notre sort ; le Président irait où bon lui semblerait ; il n’avait qu’à donner ses ordres aux policiers qui passaient sous son autorité. Kaiser et son camarade paraissaient enchantés de cette solution, car le réduit tyrolien ne leur inspirait pas confiance.

On offrit à Madame Laval une chambre pour s’y reposer ; elle refusa et passa, avec son mari, la nuit dans l’auto sur la place de Wangen.….

(à suivre… lorsque les « Ecrits d’exil » seront réédités)

 

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18 janvier 2016

Ecrits d'exil (extrait n° 21)

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Ce petit extrait concerne un aspect des conditions de vie des membres « Schlafende » de l’ancien gouvernement de Vichy déplacés par les Allemands du château de Sigmaringen vers celui de Wilflingen (« D’un château l’autre », comme l’écrivit Louis Ferdinand Céline):

… Le Baron nous avait accueillis de la façon la plus courtoise, mais avec une certaine réserve dont il se départit quand un courant de sympathie se manifesta entre notre groupe et sa nombreuse famille. Nous étions les troisièmes occupants qu’il devait héberger depuis quelques mois ; il avait d’abord reçu les princes de Hohenzollern après les évènements de la défection de la Roumanie, puis une formation de la Milice française, enfin nous. Lui-même faisait l’objet d’une surveillance à raison de ses liens de parenté qui l’unissaient au Colonel de Stauffenberg, cet officier mutilé qui avait fait exploser une bombe dans le cabinet d’Hitler, au Quartier Général ; son père, dont il conservait les traditions et les sentiments, avait été un des leaders du parti catholique ; lui-même était profondément monarchiste et s’était tenu à l’écart de la politique depuis l’avènement du nazisme ; grand blessé de guerre, il marchait difficilement, appuyé sur une canne et vivait en gentilhomme campagnard, dirigeant une vaste exploitation agricole, la plus importante de la région. Il avait une nombreuse famille dont les membres étaient venus se réfugier à Wilflingen quand Stuttgart et les autres grandes villes du Sud avaient été soumises à l’épreuve de la destruction ; tout ce monde vivait dans la maison de son intendant, en face du château, et toutes les générations de Stauffenberg et de Metzingen étaient représentées.  

Le château de Wilflingen

Il restait, pour la population rurale, catholique pratiquante et traditionaliste, le chef et le maître respecté et vénéré ; il n’y avait à Wilflingen et aux environs que trois personnes qui comptaient : le Baron, le curé et l’ancien bourgmestre remplacé par un nazi auquel on ne concédait aucune importance ; les paysans souriaient malicieusement quand ils voyaient leur nouveau bourgmestre et son frère (les deux seuls membres du parti à Wilflingen) peindre, sur les portes des granges, les W barrés des « Wehrwölfe ». Le Baron, qui parlait un français très pur et aimait venir bavarder avec moi à la bibliothèque, était inépuisable quand il évoquait les souvenirs de ses ancêtres, de sa jeunesse, d’une Allemagne que j’avais connue et d’une Europe en train de disparaître ; sa culture était vaste, son esprit judicieux et il avait une vue prophétique des évènements futurs qui diviseraient les vainqueurs, impuissants à combler le vide créé par la disparition du centre de gravité du vieux continent.  

Il me pria d’occuper mes instants de loisir à perfectionner dans la langue française un de ses petite fils, Peter von Metzingen, jeune homme de 17 ans qui devint rapidement un compagnon de promenade fort agréable ; il était ouvert, intelligent, sportif, d’une juvénile fraîcheur de sentiments et d’esprit curieux ; il allait être mobilisé et il aurait, sans doute courageusement servi sa patrie dont les dirigeants se montraient singulièrement ingrats vis-à-vis de sa famille qui avait contribué à sa grandeur passée. Le désastre d’Avril 1945 a préservé son adolescence prometteuse.  

Peter von Metzingen, qui servait de commissionnaire, se rendait souvent à bicyclette dans le village voisin d’Herrlingen où ses parents avaient un domaine ; le Maréchal Rommel s’était retiré à Herrlingen depuis l’accident d’automobile survenu en France, près de Livarot, qui l’avait privé de son commandement. Participa-t-il au complot dont Stauffenberg fut le principal acteur ? On commençait à murmurer, avec beaucoup de circonspection, que la version officielle de sa mort, ne correspondait pas à la réalité ….

(à suivre… si et lorsque les « Ecrits d’exil seront réédités)

 

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17 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°20)

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Ce petit extrait concerne un aspect des conditions de vie des membres de l’ancien gouvernement de Vichy emmenés par les Allemands à Sigmaringen:

…Notre petit groupe de « Schlafende » comprenait, en outre du Président et de Madame Laval qui vivaient à part et très retirés, Bichelonne (qui nous quitta en Novembre pour subir une opération chirurgicale dans la clinique du Docteur Gebhardt), Rochat, Marion, Mathé, Paul Néraud et Guérard, quand il passa en Allemagne.

Nous prenions nos repas ensemble et nous retrouvions l’après-midi pour de longues parties de bridge, quand le temps était mauvais.  

Abel Bonnard et son frère venaient assez souvent partager notre repas, principalement lorsque « le Maître » invitait quelque ami de passage à dîner. Nous assistions alors à un vrai feu d’artifice d’esprit et n’avions que l’agréable occupation d’écouter.  

Abel Bonnard, par le portraitiste André Aaron Bilis

 

Marion, quand il était en verve nous lardait des pointes de ses paradoxes. Mathé était intarissable en histoires de chasse ou faisait un cours d’agriculture pratique ; sa conversation était celle qui délassait le plus le Président Laval qui venait régulièrement tous les matins assister à notre petit déjeuner et entamait avec ce « rural intégral » de grandes discussions sur la vie des champs, les animaux, les cultures, etc.  

Abel Bonnard avait, du reste, coutume de dire que nous traitions les sujets à fond ; il me souvient d’un débat sur les « concierges » dans le temps et dans l’espace qui dura tout un repas. Mais invinciblement nos pensées nous ramenaient à notre pays, à son avenir et nous cherchions aussi à percer l’énigme de notre destin quand toute l’Allemagne serait conquise par les Alliés ; aucun de nous ne participait à l’illusion des « armes secrètes » que Boemelburg avait infusée dans l’esprit du Président. Marion, fort taquin, cherchait à assombrir Guérard et Mathé qui étaient les plus impressionnables ; il peignait les supplices raffinés qui nous seraient infligés par les Gaullistes et les communistes et il fallait une cascade de ramis (jeu favori de Mathé) pour remettre ce brave homme d’aplomb. Les fantaisies les plus extravagantes sortaient de l’imagination de l’ancien Ministre de l’Information ; il prévoyait la conduite que chacun de nous tiendrait, soit noyé dans la foule des travailleurs étrangers, soit menant, dans les forêts de la Germanie, la vie de l’homme des cavernes ; il voyait l’un de nous moine dans un couvent d’Italie et un autre reçu par Staline. ….

(à suivre… si et lorsque les « Ecrits d’exil seront réédités)

 

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16 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°19)

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Ce petit extrait concerne les conditions dans lesquels, à la fin de l’été 1944, le gouvernement allemand installa les membres de l’ancien gouvernement de Vichy à Sigmaringen:

 

…  Le Château de Sigmaringen dresse sa silhouette au sommet d’un rocher autour duquel se déroule une boucle du Danube. La petite ville est blottie à ses pieds ; c’est une cité régulière, aux maisons propres avec leurs façades peintes et leurs vieilles enseignes ; elle est entourée d’un cercle de hauteurs boisées, réserves de chasse et but de promenades ; aux premières heures de la matinée, on aperçoit dans le lointain les sommets des Alpes du Voralberg qui n’allaient pas tarder à se couvrir de neige. Le climat est sain, froid comme sur tout le plateau du « Rauhealp ». 

 

castle-of-sigmaringen

Le château a plus d’allure vu de loin que de près. C’est en réalité une vaste construction moderne dans un style que n’aurait pas désavoué Viollet le Duc ; trois corps de bâtiment hétéroclites, édifiés sur les fondements du vieux nid d’aigle des premiers Hohenzollern, sont soudés les uns aux autres (« Josefbau », « Leopoldbau » et « Wilhelmsbau », du nom des princes qui les édifièrent) par des galeries, des terrasses et des passages souterrains. Les appartements occupent la partie haute ; la partie basse est une succession de pièces obscures et humides. L’entrée principale, sur le flanc Ouest, conduit par un plan incliné à la cour principale ; deux escaliers interminables permettent également d’accéder à cette cour qui est le nombril du château. En fait, on utilisait surtout l’ascenseur installé dans une tour accolée à la face du Sud qui permet d’atteindre l’étage le plus élevé. Nous fûmes répartis, par le ménage Hoffmann, de la façon suivante. Le Maréchal et son entourage (Général Debeney, Ménétrel, Amiral Bléhaut) occupèrent les appartements du dernier étage ; c’était le plus confortable et le plus facilement chauffable ; la colonie française éparpillée dans la ville le surnomma, avec une respectueuse ironie : « L’Olympe ». Le Président Laval et les Ministres en sommeil (Bichelonne, Bonnard, Gabolde, Mathé, Marion, Rochat) furent logés à l’étage immédiatement inférieur. C’était une succession de vastes et luxueux appartements ; ils avaient été habités jadis par le Prince Karl Anton, arrière-grand-père du Prince actuel et étaient décorés dans le style du second Empire, avec un goût ostentatoire. La plupart des pièces ouvraient par de larges portes-fenêtres sur les terrasses à l’italienne qui étreignent la façade méridionale du château. La partie occupée par le Président et Madame Laval était reliée à la portion du Josefbau qui nous était attribuée par une vaste salle à manger, décor casino de ville d’eau, et une salle garnie de tous les portraits des princes de Hohenzollern depuis les chasseurs vêtus de peau de bête jusqu’au Prince Wilhelm en grand uniforme de Général. Bichelonne, puis Guérard, logèrent dans deux vastes pièces (Rahenzimmer) ayant vue sur le Danube et le faubourg de la Leopoldstrasse, Marion et Mathé dans des chambres plus modestes. Pour ma part, j’eus un appartement froid, mais fort bien éclairé, ouvrant sur une terrasse d’où la vue embrassait l’enfilade de la vallée. Le salon était décoré de boiseries en marqueterie finement exécutées (BadischeSalon) ; la chambre avait un lit monumental d’un gothique douteux. Cet appartement avait été celui du frère jumeau du Prince, avant qu’ils aient été expulsés de leur château. 

À l’extrémité du Josefbau, Abel Bonnard s’était vu attribuer une pièce en pur style rococo dans une tour octogonale ; il ne l’occupa que fort peu de temps, ayant préféré retrouver sa mère et son frère qui avaient reçu l’hospitalité chez le Landrath. 

M. de Brinon et ses secrétaires vécurent à l’étage situé au-dessous du nôtre, dans le Josefbau. Le Président de la Commission veillait à ce que nul d’entre nous n’empiétât sur le domaine qui lui était réservé ….

 

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15 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°18)

ECRITS D’EXIL (Extrait n°18)

 

 

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Ce petit extrait concerne les conditions dans lesquels, en août 1944, le gouvernement allemand emmena le gouvernement de Vichy vers Sigmaringen, en passant par Nancy, Belfort et Fribourg où le convoi fit halte :

 

…  Fribourg n’avait pas encore été sérieusement bombardé ; de temps à autre des avions isolés mitraillaient avec de petits obus la gare, la grand’rue et la place de la cathédrale. Mais les alertes étaient très fréquentes ; la population, craintive et disciplinée, gagnait les abris souterrains creusés sous le « Schlossberg » ; ils étaient profonds et sûrs, éclairés à l’électricité, pourvus de bancs, de water-closets, de postes de secours. Je fis ainsi connaissance avec la vie de troglodyte que l’on menait dans toutes les villes importantes ; je remarquai la solidarité dont tout le monde témoignait ; on aidait les vieux et les femmes à porter les valises, à ranger dans les abris les innombrables voitures d’enfant qui servaient au transport des bagages. La foule était un ramassis de gens de tous les pays occupés par l’Allemagne, qui travaillaient dans les usines, dans les magasins et chez les particuliers ; on parlait toutes les langues ; il y avait des hommes et des femmes de France, de Belgique, de Hollande, d’Italie et surtout de Pologne et de Tchécoslovaquie. Des conciliabules s’établissaient en trois ou quatre idiomes différents ; ceux qui connaissaient l’allemand traduisaient les renseignements donnés par les haut-parleurs sur la marche des avions de bombardement et les gestes substituaient souvent les paroles. Le hasard me plaça, au cours d’une longue alerte, auprès d’un groupe de trois jeunes filles polonaises de la bonne société qui étaient serveuses dans une brasserie ; elles parlaient le français et l’allemand et me donnèrent sur l’occupation de leur pays des renseignements fort intéressants : la Pologne avait été traitée avec une dureté que la France n’avait heureusement pas connue, notamment en ce qui concernait la réquisition de la main d’œuvre. 

Quand les travailleurs français apprirent que le Maréchal et le Président Laval se trouvaient à Fribourg, ils prirent l’habitude de se grouper devant notre hôtel, épiant nos sorties et nous adressant toutes sortes de questions. Leur curiosité était amicale ; il n’y avait, dans leur attitude, ni haine ni mépris ….

 

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13 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°16)

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Ce petit extrait concerne les dernières heures du gouvernement de Vichy, lorsque, devant l’arrivée des troupes alliées, les Allemands décidèrent de quitter Paris et d’emmener avec eux les membres dudit gouvernement :

 

… Je ne connus l’ultimatum du Gouvernement allemand que le 17 dans l’après-midi. J’avais, toute la journée du 16, été retenu à mon cabinet par des visiteurs et par l’obligation de prendre des mesures pour assurer la continuité du fonctionnement de la Justice ou régler le sort de services comme celui des Sociétés secrètes dont les fonctionnaires réclamaient le paiement anticipé de leur traitement. Je n’avais pas eu le temps de me rendre à Matignon et pensais que le plan du Président Laval suivait son cours.

Un coup de téléphone de Guérard, Secrétaire général de la Présidence, me convoqua, vers 17 heures, à un Conseil des Ministres, fort important, me dit-il, qui allait se tenir immédiatement. Je partis aussitôt pour Matignon, accompagné de mon Secrétaire général Dayras.

À peine arrivé, je fus introduit dans la salle du Conseil où se trouvaient Bichelonne, Abel Bonnard, le Docteur Grasset, Marion et Mathé. Les deux ministres militaires (Général Bridoux et Amiral Bléhaut), ainsi que le Secrétaire général Rochat des Affaires Étrangères étaient à Vichy avec le Maréchal. J’appris que MM. Déat et de Brinon étaient partis pour Nancy et que Darnand était retenu, hors de Paris, par ses obligations miliciennes. Mon ami Cathala était absent ; informé, depuis la veille, de la tournure des événements, il avait disparu pour éviter d’être conduit de force vers une destination inconnue. Au cours du Conseil, un billet remis au Président Laval, nous apprit que M. Chasseigne avait lui aussi pris la décision de se cacher.

Le Président nous exposa que le Gouvernement allemand imposait notre départ immédiat pour Belfort […

 

…] Bichelonne, Mathé, le Docteur Grasset et moi, qui étions aussi surpris qu’indignés par la révélation qui nous était faite, déclarâmes que nous nous opposions de la façon la plus formelle au transfert à Belfort du siège du Gouvernement ; Marion et Abel Bonnard étaient plus hésitants, mais se rallièrent à notre opinion.

Le Président [Laval] nous dit alors qu’il partageait entièrement notre sentiment et que, certain de notre approbation, il avait déjà préparé les termes de la réponse qu’il se proposait de faire à une lettre officielle de l’ambassadeur Abetz qu’il avait reçue dans le courant de la journée….

 

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13 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°17)

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Ce petit extrait concerne les conditions dans lesquels, en août 1944, le gouvernement allemand emmena le gouvernement de Vichy vers Belfort, en passant par Nancy où le convoi fit halte :

 

…  nous conduisit à Nancy où, sans avoir attiré l’attention, les voitures se garèrent dans la cour de la Préfecture. La nouvelle de notre arrivée se répandit dans la matinée et la foule commença à stationner devant l’édifice ; elle manifestait une curiosité silencieuse ; je reconnus parmi les curieux le Premier Président Joly, ce qui me permit de faire aviser de mon passage mon ami le Procureur général Guétat avec qui j’eus un entretien dans un café de la Place Stanislas ; il se chargea de faire parvenir de mes nouvelles à ma famille. 

Le Préfet Jean Faure, pris au dépourvu, s’excusa de ne pouvoir nous retenir à déjeuner avec le Président et Madame Laval, mais nous demanda de venir prendre le café avant notre départ. Notre petite troupe (Bichelonne, Marion, Mathé et moi) dîna dans un restaurant voisin de la Préfecture. Nous rejoignîmes ensuite le préfet et ses hôtes dans son cabinet. Nous étions arrivés depuis quelques instants, quand la porte s’ouvrit et, sans qu’il eût été annoncé, j’eus la surprise de voir entrer le Président Herriot. Je ne m’étais pas rencontré avec lui depuis l’époque où j’exerçais mes fonctions à Lyon ; il m’avait alors toujours reçu avec affabilité dans son cabinet ou à son domicile des quais du Rhône ; j’avais pour lui du respect et de la reconnaissance ; je le trouvai physiquement très changé, très amaigri, flottant dans des vêtements trop larges ; mais intellectuellement, il était le même avec une pointe d’agitation et de nervosité, bien explicable dans la situation où il se trouvait. Il conversa d’une façon très cordiale avec le Président Laval, s’exprimant avec bonne humeur et philosophie ; il ne donnait nullement l’impression d’avoir été contraint à se rendre à Paris, manifestait son amitié pour le Président et désirait uniquement, pour l’instant, pouvoir retourner à Maréville où il avait ses habitudes et où le personnel lui témoignait de l’intérêt. Je pus, en assistant à la conversation des deux Présidents, voir plus clair sur les événements des jours précédents qui avaient été jusque-là un peu obscurs dans mon esprit….

 

(à suivre… si et lorsque les « Ecrits d’exil seront réédités)

 

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11 janvier 2016

ECRITS D’EXIL (Extrait n°15)

 

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Ce petit extrait figure en introduction à un passage du livre où Maurice Gabolde évoque ce que fut la Synarchique (une société « discrète » réunissant de hauts technocrates, pour beaucoup polytechniciens, ayant une conception commune de la Société, fondée sur la primauté des élites techniques). A titre de réflexion personnelle, je me demande si cette Synerchie n’a pas perduré et continué à étendre ses ramifications sous d’autres formes à l’aube du XXIème siècle. :

 

…je n’avais jamais entendu parler de la Synarchie avant l’occupation quand j’exerçais mes fonctions au Parquet de la Seine ; l’Amiral Bard (autant qu’il m’en souvienne), alors préfet de police, me communiqua un livre, dit Livre d’or, pièce paraît-il rarissime, saisie dans une perquisition et qui exposait la doctrine de la Synarchie. C’était un superbe volume numéroté ; à la première page se trouvait une déclaration du genre de celles qu’on pouvait lire dans les documents maçonniques, menaçant des pires châtiments ceux qui divulgueraient les secrets contenus dans l’ouvrage ; cela me parut enfantin, d’autant plus que les autres pages étaient écrites en un style de mathématicien transcendantal, hérissé de formules algébriques ; c’était une sorte d’organisation théorique d’un État idéal, avec des échelons, des ramifications, des correspondances conçues dans un sens hiérarchique pour utiliser au mieux les élites techniques et les faire participer à la direction des affaires. Je rendis le livre auquel je n’avais, à ma honte, pas compris grand chose.

Le Maréchal et Laval en savaient moins encore que moi sur la Synarchie. Quand j’eus pris contact avec le Service des Sociétés secrètes dont le Président [Laval] m’avait confié la direction, je fis quelques progrès, car ce Service avait une documentation, d’ailleurs restreinte, sur le mouvement synarchique. Elle avait été conçue par un rêveur doublé d’un mathématicien, Jean Coutrot, qui, pendant l’occupation, se suicida en se jetant par une fenêtre de son appartement à la suite, dirent les uns, d’une maladie incurable, acculé à ce geste, dirent d’autres, par des vengeances synarchiques. Le procès-verbal de police, classé aux archives du Parquet, n’apportait pas d’éclaircissement à cet égard. Il avait été un protégé du Ministre Spinasse, avant la guerre, qui l’avait introduit dans des services dépendant de son Département, le Centre d’organisation scientifique du travail. 

La Synarchie, en effet, était antérieure à l’occupation. Elle avait créé quelques organes de pénétration dans des milieux très différents, Coloniaux (Mouvement synarchique d’empire), Action Française et Cagoule (Convention synarchique révolutionnaire), la Maçonnerie, le Deuxième Bureau, qui proposa Coutrot pour la Légion d’honneur, les Catholiques par le Père Teilhard de Chardin, la Finance internationale et juive (Oppenheim, Hijmans, la Banque Worms, le trust de la Royal Dutch et peut-être aussi les Rothschild). 

La Synarchie se fortifia, après 1936 ; apparurent alors le « Centre polytechnicien d’études économiques » qui étudiait les nouvelles bases pour la planification d’une économie nationale et qui eut un certain succès dans les milieux très solidaires des anciens élèves de l’X , les « Journées d’études des administrations publiques » , le « Centre d’étude des problèmes humains », un « Institut de Psychologie appliquée » et jusqu’à un Groupe non conformiste qui « rassemblerait les intellectuels d’avant-garde rebelles aux routines décadentes ». Mais le seul de ces organismes qui eut une vie officielle fut le « Centre d’organisation scientifique du travail », ouvert par M. Spinasse dans ses Services et confié à Coutrot lui-même. On citait comme adhérents ou sympathisants, à cette époque du mouvement synarchique, des personnalités comme Alexis Carrel, Huxley, écrivain anglais, et Georges Guillaume, économiste helvétique. 

La Synarchie fut épargnée dans la constitution de la liste des Sociétés secrètes proscrites par le Gouvernement de l’État français, en 1940. Oubli ou faveur ? Comme le mouvement n’était pas illégal et que ceux qui étaient qualifiés ou soupçonnés de Synarques occupaient de hautes fonctions dans le Gouvernement, il m’est impossible de dire si ces bruits étaient ou non fondés ; il n’y eut ni perquisitions ni interrogatoires et la preuve de l’affiliation ne fut pas démontrée. Aussi les noms que je vais écrire le sont sous toutes réserves. Auraient appartenu à la Synarchie,.…(une longue liste de noms, célèbres à l’époque…..)

 

(à suivre… si et lorsque les « Ecrits d’exil seront réédités)

 

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Bonjour, Je m'appelle Emmanuel GABOLDE. Je suis l'un des petits-enfants de l'auteur du livre que j'aimerais faire ré-éditer avec votre aide. J'ai 65 ans et je vis en France. Mon projet, aujourd'hui, vise à faire rééditer un livre que j'ai créé il y a quelque six ans, "Ecrits d'Exil".

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10 janvier 2016

Ecrits d'exil (extrait n°14)

La campagne d’appel aux coups de pouce tire à sa fin. Il ne reste plus que 10 jours. J’ai toujours l’espoir de voir la campagne atteindre son objectif et permettre la réédition de cet ouvrage écrit d’Espagne. J’en fournis encore quelques bribes.

  

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Ce petit extrait figure en introduction à un passage du livre où Maurice Gabolde évoque ce qu’il sut des interventions de Pierre Laval pour favoriser une évacuation de Paris par les Allemands sans combat et pour tenter une transition institutionnelle et politique avec une nouvelle Assemblée nationale :

 

…Le Président Laval vint à Paris dans les premiers jours d’Août 1944 ; il allait s’efforcer d’y réaliser deux opérations, d’une part l’évacuation de Paris par les Allemands sans combat et la reconnaissance de la capitale comme ville ouverte et la remise, dans la légalité et l’ordre, des pouvoirs confiés par l’Assemblée nationale au Maréchal, en 1940, à une nouvelle Assemblée nationale qui prendrait en charge la destinée du pays et celle de la République.  

Le Président Laval était peu expansif quand il ne s’agissait pas pour lui de convaincre son interlocuteur ; dans les entretiens que j’eus, seul à seul, avec lui, à cette époque, il ne me donna que de brèves indications, chuchotées à demi-mot sur la seconde opération qui devait être entourée du plus grand secret ; il m’avait, du reste, recommandé une absolue discrétion à cet égard. Officiellement, il ne traitait que la première dont la divulgation calmait les angoisses des Parisiens qui voyaient la bataille se rapprocher de la banlieue Ouest de leur ville. On entendait le bruit du canon et l’on savait par les automobilistes qui circulaient dans la région que les Américains avaient atteint la forêt de Rambouillet.

C’est donc, à l’aide de confidences et de renseignements obtenus postérieurement à ces événements, au cours d’entretiens avec le Président en Allemagne et au fort de Montjuich, que je vais évoquer la tentative avortée de l’opération conçue par le Président Laval et cautionnée par le Président Herriot.…

 

(à suivre… si et lorsque les « Ecrits d’exil seront réédités)

 

contrepartie livre et copiea

 

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De brique et de broque
  • Ce blog reprend, depuis la fin 2015, la publication d'extraits d'un livre que je souhaite rééditer, les "Ecrits d'exil" de Maurice Gabolde, mon GP. Auparavant ce furent les extraits des "Carnets du sergent fourrier". Voir aussi (http://gabolem.tumblr.com)
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