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De brique et de broque
19 janvier 2016

Ecrits d'exil (extrait n°22)

Pour contribuer à la réédition des « Ecrits d’exil », rendez-vous sur :

http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil

 

Ce petit extrait concerne un des derniers instants dramatiques du séjour forcé en Allemagne du Président Laval:

… La perspective du réduit se précisait. Je savais par Soualle (neveu de Guérard) que l’on avait déjà transporté à Kitzbühl la mission Scapini et que l’ancien Gouvernement du Régent Horthy y avait été replié. On nous conduisait sans doute rejoindre toutes ces épaves.

C’est alors que Madame Laval, caractère fier et indépendant, dont les sentiments anti-Allemands étaient notoires mais que sa profonde affection pour son mari avait jusque-là condamnée au mutisme, explosa. J’assistai à une scène vraiment dramatique ; elle donnait libre cours à sa rancœur et à son indignation ; le diplomate allemand écoutait, la mine ahurie, cette philippique véhémente. Le Président, excédé par les procédés dont il avait été l’objet à Sigmaringen, ne tarda pas à faire chorus ; toutes les amertumes de l’exil, l’incompréhension des dirigeants de la politique allemande à Paris, à Vichy et à Belfort, les désillusions et les amertumes de trois ans de gouvernement sous une occupation étrangère, tout cela montait de son cœur à ses lèvres, dans ce cadre de désolation et de misère, sous la pluie qui ruisselait sur les vitres, dans la pénombre de la nuit tombante. Terrifié, l’envoyé du Ministre Reinebeck se retira confus et désorienté. Je sus depuis que Salza avait refusé de se charger de cette mission qui venait de se terminer par un tel éclat.

Le Président et sa femme décidèrent qu’ils resteraient dans leur auto, défendirent à Boudot de la mettre en marche et envisagèrent de crever les pneus.

Wangen

Nous dûmes à cette énergie de la dernière heure de ne pas aller dans le réduit tyrolien. Vaincu par cette résistance, désireux d’éviter un scandale, sans ordres du Ministère des Affaires Étrangères avec lequel aucun contact n’était plus possible, l’ambassadeur Reinebeck céda et cessa de s’intéresser à notre sort ; le Président irait où bon lui semblerait ; il n’avait qu’à donner ses ordres aux policiers qui passaient sous son autorité. Kaiser et son camarade paraissaient enchantés de cette solution, car le réduit tyrolien ne leur inspirait pas confiance.

On offrit à Madame Laval une chambre pour s’y reposer ; elle refusa et passa, avec son mari, la nuit dans l’auto sur la place de Wangen.….

(à suivre… lorsque les « Ecrits d’exil » seront réédités)

 

Pour contribuer à cette réédition, rendez-vous sur :

 

http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil

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Commentaires
De brique et de broque
  • Ce blog reprend, depuis la fin 2015, la publication d'extraits d'un livre que je souhaite rééditer, les "Ecrits d'exil" de Maurice Gabolde, mon GP. Auparavant ce furent les extraits des "Carnets du sergent fourrier". Voir aussi (http://gabolem.tumblr.com)
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