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De brique et de broque
25 octobre 2014

C'était il y a 100 ans,... le dimanche 25 octobre 1914, aux environs de Bienvillers

25 octobre 1914 – dimanche

carte bienvillers 25 10

 A la recherche du TC 2 du côté de Pas (geoportail.gouv.fr)

Toujours en repos dans les fermes de Bienvillers. Le canon et la fusillade s’entendent tout le jour : c’est l’attaque de Monchy. Une question plus mesquine nous occupait pendant ce temps : nous avons perdu notre T.C.2 [1], autrement dit nos voitures à vivres et à bagages. Restés sans ordres depuis quelques jours – on avait autre chose à faire à Foncquevillers et Hannescamps – elles avaient dû s’installer dans quelque village tranquille de l’arrière et y attendre des ordres. On ne pouvait songer à demander aucun renseignement au bureau du colonel, en raison de l’attaque de Monchy. Le commandant me dit donc de prendre dans quelque écurie un cheval, d’y attacher une bagnole et de partir avec deux hommes à la recherche du T.C.2 et de le ramener à Bienvillers qui était assez calme, ce qui permettrait aux officiers d’avoir leurs cantines[2].

train de combat

Un "train de combat" (http://delamarejean.free.fr/)

 

Je partis donc au jour, dans un cabriolet que traînait un cheval difficile, mais bon trotteur. J’étais bourré de commissions, surtout d’achats de tabac à n’importe quel prix : jamais il ne fut aussi rare. Et, après avoir parcouru Pommier[3], Humbercamps[4], Souastre et Saint-Amand, je recueillis dans ce dernier village où une partie du 10ème corps était au repos, que des voitures du 69ème avaient cantonné quelques jours, puis, chassées par le 10ème corps, étaient parties vers Pas. J’arrivai à Pas vers midi, m’y ravitaillai, y déjeunai confortablement et y trouvai le sergent du T.C.2 qui me dit qu’il s’était réfugié à Famechon[5] et attendait, sachant que l’on était toujours en ligne vers Monchy.

cabriolet

Un cabriolet  (attelage-patrimoine.com)

Je passai un moment avec lui et le ramenai à Bienvillers. La fonction de sergent du T.C.2 exige de l’initiative et de l’esprit de décision. Sous-officier voué aux villages encombrés de l’arrière immédiat, il doit savoir demander l’emplacement de loger chevaux et hommes et se débrouiller pour les ravitailler. Le type accompli fut bien cet excellent Bellejambe, qui nous arriva en Belgique, territorial toujours jeune et alerte, esprit délicat et décision prompte avec qui je passai le repos dans les plaines d’Ypres[6], durant la campagne d’hiver.

Le soir, la 1ère prend les tranchées de 1ère ligne en avant de Bienvillers, face au moulin de la cote 161. Il lui faut veiller ferme, le clairon et le fifre allemand devant elle, et ses hommes sentent à un kilomètre à peine des camarades qu’ils ne peuvent délivrer. La nuit est très noire. Je monte aux tranchées communiquer à plusieurs reprises et porter les vivres et reviens dormir un peu dans le lit de la rue de l’église.

tabac

Le paquet de tabac de l'époque, si rare et si "prisé" (http://memoires-de-guerres.var.fr)

 

Extrait du livre « Les carnets du sergent fourrier » :

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=41720

 



[1] Le T.C. est le train de combat, la logistique et les réserves d’un régiment.

[2] Une cantine est une malle contenant les effets personnels des officiers de troupe en campagne.

[3] Pommier est à un peu moins de deux kilomètres au nord-ouest de Bienvillers.

[4] Humbercamps est à deux kilomètres à l’ouest de Pommier.

[5] Famechon est à deux kilomètres au sud-ouest de Pas-en-Artois.

[6] Ypres est en Belgique, à 70 kilomètres au nord d’Arras.

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De brique et de broque
  • Ce blog reprend, depuis la fin 2015, la publication d'extraits d'un livre que je souhaite rééditer, les "Ecrits d'exil" de Maurice Gabolde, mon GP. Auparavant ce furent les extraits des "Carnets du sergent fourrier". Voir aussi (http://gabolem.tumblr.com)
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