C'était il y a 100 ans, .... le mercredi 5 mai 1915, à Hermaville
5 mai 1915 – mercredi
Dès le matin, on se prépare au départ qui doit s’effectuer vers 17 h. Nous nous rapprochons du front en attendant l’ordre de gagner le chemin creux de la route de Marœuil. Je fais des provisions et j’entasse des conserves dans mon sac, car nous pouvons bien souffrir de la faim durant l’attaque. Nous pensons au prochain repos, tout en faisant ces préparatifs, et notre moral est excellent. Beaucoup d’entrain et d’insouciance. Si seulement on pouvait hâter la fin de la guerre ! À l’heure fixée, nous quittons Villers après des adieux assez émouvants à nos hôtes qui nous accompagnent jusqu’à la sortie du village. « Bonne chance, crient-ils et donnez de vos nouvelles sitôt que vous le pourrez ».
On retrouve encore des conserves de cette époque (insitu.revues.org)
Nous longeons dans le soir qui tombe les peupliers de la route d’Izel et, après une halte dans ce village, nous gagnons Hermaville où nous allons cantonner. Le village est assez grand pour contenir tout le régiment. D’une place ornée d’un grand abreuvoir se détachent dans tous les sens plusieurs rues que bordent d’assez belles fermes alternant avec des maisons de torchis. Dans la rue du haut où se trouve l’église entourée de son cimetière cantonne le 3ème bataillon. Le 2ème occupe la plus belle rue qui est la route d’Agnez[1], et nous sommes relégués à la sortie du village, vers Izel. Nous occupons une belle ferme qui est celle du maire, mais les habitants que l’on devine riches sont peu obligeants et paraissent avares. L’idée que nous allons faire la cuisine dans sa belle salle à manger aux cuivres reluisants et au dressoir impeccablement ciré paraît intolérable à la fermière qui porte ses pénates dans une pièce voisine.
Hermaville avant le conflit (hermaville.free.fr)
Extrait du livre « Les carnets du sergent fourrier » :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=41720