C'était il y a 100 ans, ... le dimanche 27 juin 1915 , de retour dans les tranchées
CHAPITRE XXIV
Dernier séjour aux tranchées
27 juin 1915 – dimanche
... des tombes, c’est-à-dire des abris bouchés où l’on a entassé les morts ...
(on comprends mieux en voyant cette photo du journal "Le pays de France" de juin 1915)
Quel lieu bien propre à inspirer l’horreur que ce coin de terre où j’erre dès le jour et retrouve à chaque pas les traces de notre attaque du 16 ! Cadavres que l’on entrevoit dans les herbes déjà brulées par le soleil, ou que l’on devine à peine, recouverts d’un peu de terre dans les coins de boyaux que je parcours. Partout des sacs éventrés, des débris d’équipements, des baïonnettes et des fusils à demi enterrés dans les cagnas abandonnées, des linges sales et sanglants et, surtout, des essaims de mouches posées sur la moindre charogne et qui vous entourent de leur bourdonnement. Enfin, une odeur de pourriture et d’excréments due à ce que dans la période d’attaque, l’hygiène et la propreté de la tranchée disparaissent.
Le capitaine Vétillart s’est installé à ce carrefour de boyaux d’où il maintint la contre-attaque ennemie le 16 et il est à demi enseveli dans une cagna à peine ébauchée dans le parapet. Autour de lui, des cadavres et des tombes, c’est-à-dire des abris bouchés où l’on a entassé les morts.
Chaleur et calme, sauf une petite fusillade vers 14 h. La nuit, le génie vient consolider la position, puisque l’ère des attaques est momentanément close et que les troupes qui nous remplaceront vont sur le coteau du moulin continuer la vie qui fut menée un hiver durant sur le coteau de Brunehaut et de Berthonval.
Caricature de novembre 1914 dans le n° 4 de "Le pays de France"
Extrait du livre « Les carnets du sergent fourrier » :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=41720